Oryx Quest : grosse avarie pour Geronimo
Au départ de l'Oryx Quest à Doha au Qatar (cliquer ici pour une présentation de la course), Olivier de Kersauson a piqué un coup de sang lorsqu'il a découvert que la ligne de départ passait sur un haut-fond qui ne laissait pas à Geronimo un tirant d'eau suffisant lui qui cale plus que les catamarans ! "Si c'est comme ça, je dégage en Australie..." et bien voilà c'est fait Geronimo dégage vers Perth pour cause d'avarie sur un bras de liaison ! (petite précision savoureuse : avec sa grande gueule ODK était quand même arrivé à faire déplacer la ligne de départ !).
La faute à pas de chance sûrement mais si la casse est arrivée maintenant (ce qui est plutôt bien car imaginez la catastrophe si cette même avarie survient dans les mers du Sud), cette casse n'est quand même pas 'que' le fruit du hasard.
La casse dûe à ... une choix tactique d'Olivier de Kersauzon
Prévisions pour jeudi 17 février 2005 de Richard Silvani (Météo France) : l'anticyclone devrait se déplacer vers l'Ouest. Les bateaux vont donc devoir effectuer plusieurs virements de bord sur la bordure de ce système, en veillant à garder la meilleure vitesse possible sans casser le bateau d'après.
Olivier de Kersauson (Geronimo) suit une route plus près du vent que celle de Doha 2006 (Brian Thompson) qui privilégie la vitesse. Le VMG (vitesse de rapprochement au but) du trimaran est donc supérieure à celle du catamaran et lui permet de reprendre une avance confortable. « En descendant plus au sud, nous avons fait un choix très différent de celui de Geronimo, explique Brian Thompson. Cela nous évite de cogner péniblement dans les vagues et nous permet d'entrer sur « l'autoroute du Sud » le plus vite possible. »
2 tactiques différentes
on voit le résultat.
Petite morale de l'histoire ... la prise de risque
Pour naviguer à la voile en compétition et arriver de l'autre côté bien classé : le plus dur, ça se confirme, c'est de savoir doser le risque.
Si vous ne prenez pas assez de risques vous êtes vite largué, bloqué à la traîne dans un autre système météo. En prenant trop de risques vous vous retrouvez vite hors jeu, contraint de mettre le clignotant pour dégager vers la terre la plus proche ! Rien que sur le Vendée Globe les exemples sont nombreux : Hervé Laurent ou Alex Thomson qui descendent dans la baston et le paye par une casse éliminatoire, Sébastien Josse qui percute un iceberg en suivant Le Cam (miraculeusement épargné lui) au milieu des glaces dérivantes, Mike Golding qui à trop vouloir couper le fromage au près en vue de l'arrivée dans le Golfe de Gascogne finit lui aussi par payer cher ... en perdant sa quille ... circonstances et avarie finalement très proches de celles de Geronimo ... Ne jamais oublier que le "matériel à une mémoire" et que ce qu'on lui fait encaisser le marque et finit par le faire craquer ! Bruno Peyron sur Orange II le confirme lui aussi à sa manière quand il dit que pour gagner le Trophée Jules Verne "il suffit juste de savoir appuyer au bon moment sur le frein" en d'autres termes doser les risques.
A contrario sur un tour du monde, et comme vous l'aurez compris dans toute course au large les facteurs de risque sont déjà si nombreux par nature que finalement la sécurité peut s'avérer payante : voir la victoire de Vincent Riou (PRB) qui a toujours refusé de couper au plus court dans les dépressions au milieu des champs d'icebergs. Le summum dans le genre étant quand même atteint par Bruce Schwab (Ocean Planet) (voir Note 1 en base de page).
Voilà une belle leçon de vie : pour obtenir un succès, atteindre la consécration
nous ne sommes pas contraint à "passer en force".
Geronimo reprendra t'il la course ?
Et oui parce que figurez-vous que même si Geronimo fait un grand détour et s'arrête pour réparer et bien l'organisateur qui n'a qu'une crainte c'est que cette régate finisse en eau de boudin faute de combattant a autorisé les escales, extrait du règlement :
Toutefois, un bateau victime d'une avarie ou devant demander assistance pourra le faire moyennant des pénalités, à condition qu'il s'arrête au moins 24 heures et ne tire aucun avantage de cette escale.
Note 1
Bruce Schwab (Ocean Planet) : « la mer est vraiment mauvaise avec une houle de nord et une houle dest. Le bateau tape énormément et cela me gêne de lui faire mal en ce jour de Saint-Valentin (ndlr lundi 14 février 2005). Aussi, jai décidé aujourdhui de ne pas lui faire de mal ! » et du coup Bruce fait une trajectoire très 'exotique' remontant l'Atlantique le long des côtés africaines ... je me demande bien comment il va ensuite sortir de ce guêpier. Mais moyennant quoi, si mes souvenirs sont bons, il va devenir le 1er américain à finir un Vendée Globe ... pas rien quand même !
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. Révision 1.0 du 19/02/2005 : ajout du paragraphe « Petite morale de l'histoire ... la prise de risque » + carte et phrase de Bruce Schwab.