Technique : voiles d'avant & ascension dans le mat

Publié le par Nam

Chers tous,

         Je vous ai adressé il y a peu une des plus belles photos prises « en direct live » à bord de ces bateaux en course. Re-voici cette photo d’Hervé Laurent (qui a d’ailleurs abandonné pour perte d’un safran depuis) et qui m’a inspiré une petite réflexion sur l’évolution des voiles d’avant.

Il s’agit d’une édition «  technique » du Canard du Vendée et je me permet dorénavant, pour faciliter votre lecture et éviter que vous ne vous ‘égariez’  de rajouter une cotation, comme dans le meilleur de votre magazine de voile, précisant le niveau requis pour la bonne compréhension de ce type d’article : marin débutant / confirmé / expert.

Bonne lecture (vos critiques sont les bienvenues)

 

Voiles d’avant : les enrouleurs détronés par les emmagasineurs  (niveau : expert)

Vous souvenez-vous d'une discussion entre Florence et Xavier sur ce sujet à bord de Mayero lors de notre croisière méditerranéenne de septembre 2003 ? Alors en résumé pour les voiles d'avant : les enrouleurs sont morts, vive les emmagasineurs !

Pour en témoigner voyez la photo ci-dessus (prise par Hervé Laurent en train de réparer son bout dehors) : dans ses bras l'emmagasineur de gennaker (noir avec billes jaunes), derrière lui au dessus de ses pieds : l'emmagasineur de génois (argenté, d'ailleurs la voile est déroulée) puis celui de solent (doré, voile roulée); enfin encore derrière une belle voile bien ferlée à plat pont c'est le tourmentin simplement endraillé sur le bas étai (notez quand même la drisse qui passe en double dans une belle poulie). Nul part d'enrouleur comme sur nos bons vieux bateaux de croisière ! Pourquoi ? Voici les détails.

Le profil épais des enrouleurs est trop lourd (la chasse au point dans les hauts est instauré en religion sur les 60 pieds Open), la voile ne travaille pas bien sauf quand elle est déroulée en plein et encore le profil (toujours lui) perturbe l'écoulement sur le bord d'attaque de la voile, le tambour ne permet pas un enroulement facile (le couple n'est pas constant puisque la bosse s'enroule sur elle-même augmentant ou diminuant l'épaisseur du tambour et donc le bras de levier et pire parfois la corde surpatte c’est-à-dire s'enroule sur elle-même, bloquant tout, obligeant à aller manoeuvrer à l'avant ; tiens c'est justement ce qu'on tente d'éviter avec l'usage normal d'un enrouleur par rapport à une bonne vieille voile endraillée qu'il faut aller remplacer par une plus petite).

De leur côté les emmagasineurs ne présentent que 2 défauts : un minime il faut plus de longueur de bosse pour faire le va et vient enroulement déroulement (1 fois la longueur du bateau si je me trompe pas, ce que les coureurs chiffrent immédiatement en poids !) et un autre défaut qui est rédhibitoire pour nos croiseurs : il faut avoir plusieurs voiles d'avant espacées entre elles pour que le plan de voilure puisse s'adapter à la force du vent (sur tous les bateaux du Vendée Globe rien moins que 4 voiles pour avoir l'équivalent 'compétition' de notre génois sur enrouleur !), faut bien sûr avoir la place sur la plage avant (et cela au détriment d’une zone de bronzage réputée) et surtout faut avoir les moyens !

Pour ceux qui n’ont rien compris, cours de rattrapage, définition de l’un et de l’autre (ensuite vous pouvez relire l’article …) :

-         enrouleur : long profil de métal qui part de l’étrave et qui monte en tête de mat. Ce profil tourne sur lui-même et permet d’enrouler / dérouler une voile d’avant. Il est conçu pour que la voile soit utilisée dans toutes les positions d’enroulement : toute déroulée ou partiellement roulée (1 tour, 2 tours …). Cela permet d’adapter la surface de voile à la force du vent sans sortir du cockpit car la manœuvre d’enroulement/déroulement se fait simplement à l’aide d’une corde qui commande l’enroulement et des écoutes qui commandent le déroulement.

-         Emmagasineur : même usage, même emplacement entre l’étrave et le mat mais philo différente. Il n’y a pas de profil épais souvent remplacé par une âme fine et exotique (carbone ou autre) à peine plus grosse qu’un hauban. L’emmagasineur ne connaît que 2 positions de la voile : roulée (rôle d’emmagasineur) ou voile déployée intégralement. Pour faciliter l’enroulement le tambour est remplacé par une cage où la bosse d’emmagasineur ne se stocke pas mais ne fait que passer : un truc haute techno avec un grand diamètre, super léger avec roulements à billes, le chemin de passage de la bosse est souvent très étudier (genre entrée conique …), le tout comme d’hab dans des matériaux spéciaux super résistant (au ras du pont ça baigne souvent dans l’eau de mer) et super léger (alliages légers, carbone) … voir la photo.

Bon enrouleur ou emmagasineur quand ça merde, il faut parfois grimper au mat pour résoudre le problème (lire la suite) …

 

 

Astuce pour bien bricoler en mer (d'après Anne Liardet sur Roxy)  (niveau débutant)

 « Je suis bien embêtée par mes problèmes de voiles d’avant. La nuit dernière, la drisse de gennaker a cassé. J’ai pu récupérer mon gennaker parti à l’eau. Mais je vais devoir grimper au mât pour reprendre ma drisse. J’ai tout mon matériel de spéléo à portée de main. J’attends d’avoir une mer plus plate, mais avec toujours un peu de vent pour garder la grand-voile. On est moins secoué en tête de mât sur un bateau qui bouge que sur un bateau immobile. »

Et oui ça parait fou mais un bateau avec une voile ça bouge moins qu'un bateau sans. Vous n’avez qu'à demander aux papys méditerranéens qui peuvent plus faire les couillons sur leurs yachts super-puissant même en faisant des séances de kiné toute l'année, parce qu’ils ont le dos KC. Blague à part une voile qui porte dans le vent ça appuie le bateau et le rend beaucoup moins volage sur les vagues. CQFD.

A lundi pour des nouvelles de la course,

Publié dans Vendée Globe 2004

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