Energie à bord et photo bonus du Sud

Publié le par Nam

Chers tous,

         Il est arrivé une petite aventure à Jean-Pierre Dick mais le gars ne se démonte pas. Je vous propose comme à l’accoutumé mes réflexions perso et techniques autour d’un évènement marquant de ce Vendée Globe … et pour terminer je vous propose une illustration (c’est la photo bonus) d’un texte paru dans une précédente édition.

Bonne lecture,

 

Jean-Pierre Dick (1/3) : cloué à la barre

"J'ai eu un accident rarissime". 4 jours après le départ : rupture de l'axe de vilebrequin de son moteur. Jean-Pierre se retrouve sans source d'énergie pour le bateau. C'est du jamais vu sur ces moteurs diesel marinisés et surtout impossibilité totale de réparer. "Je me suis alors tourné vers une solution que j'avais embarquée qui est une petite génératrice. Ce moteur démarre à la main. Cela a marché correctement mais depuis trois jours en fait, elle ne démarre plus."

Plus de source d'énergie embarquée, voilà Jean-Pierre Dick contraint de faire appel à ses panneaux solaires installés sur le rouf, une solution guère évidente quand on sait que l'énergie produite par ces panneaux suffit tout juste à faire fonctionner les pilotes automatiques, éléments sans lesquels un solitaire ne peut pas continuer son tour du monde (il serait obligé de barrer en permanence sans jamais dormir). Dans ces conditions ses chances de finir bien classé sont désormais réduites à néant. "Il faut que je barre un certain nombre d'heures par jour. Abandonner pour moi est impossible, c'est un tel projet, un tel investissement... je vais trouver les moyens pour y arriver !".

En résumé : beaucoup barrer, chercher le soleil pour exploiter les panneaux solaires, barrer de temps en temps ou encore amarrer sa barre. Patrice Carpentier, skipper de VM Matériaux, compatissait d'ailleurs avec le Niçois en apprenant son infortune de mer: "Pour ce qui est de Jean-Pierre et de son avarie, j'ai connu cela à la verticale de la Nouvelle–Zélande où jŽai dû rester ensuite longtemps à la barre. J'y pense quand je suis confronté à des situations difficiles car c'est une des choses les plus dures que j'ai pu suivre... ".

 

Jean-Pierre Dick (2/3) : ils sont en régate mais restent des potes quand même ou la solidarité des gens de mer

Jean-Pierre Dick (Virbac) et Dominique Wavre (Temenos) se tirent la bourre en tête à la poursuite des échappés. Jean-Pierre est un peu dans la m... depuis qu'il n'a plus d'énergie et raconte "Dominique mŽa appelé hier pour mŽencourager. JŽétais vraiment touché car je lŽapprécie beaucoup. CŽest un grand skipper qui a une sacrée expérience des tours du monde. Je suis fier de faire la course en voisin, comme on lŽest à Nice." (NDLR : Jean-Pierre et Dominique habitent à 300 m l'un de l'autre à Nice).

Vous connaissez beaucoup de sport vous où le fair-play va jusqu'à encourager un concurrent ?

 

Jean-Pierre Dick (2/3) : économies d'énergie

Depuis ça panne de groupes électrogènes qui permettent, normalement, de recharger les batteries alimentant les appareils électriques du bord, Jean-Pierre Dick fait des économies d'énergie :

- tout est éteint à bord sauf un GPS pour "voir où je vais"

- "jŽutilise mon pilote automatique avec la fonction la plus simple possible (mode compas et réactivité minimum)". Ça lui fait faire pas mal de zig zag qu'il essaye de limiter en équilibrant au maximum le bateau au niveau de sa voilure. Il barre aussi beaucoup.

- "jŽallume mon ordinateur 1/4 dŽheure par jour, vers 8h00, pour charger mes mails et faire ma navigation de la journée".

- de temps en temps il fait fonctionner son déssalinisateur qui produit de l'eau douce consommable à partir de l'eau de mer. Jean-Pierre essaye aussi de récupérer au maximum l'eau de pluie (comme le fait aussi Marc Thiercelin dont le déssalinisateur a lâché un peu avant l'Equateur).

Et ça à l'air de lui plaire cette navigation à l'économie à JP "cela ne marche pas mal car depuis que je ne suis plus le nez dans les moteurs, je renavigue…" en plus ça semble lui réussir puisqu'il reste bien classé dans le groupe des poursuivants.

Je vous entend d'ici me demander c'est quoi tous ses appareils électriques qu'ils ont à bord et dont finalement on peut semble t'il très bien se passer ? Et bien, en plus de ceux déjà cités plus haut, voici une liste non exhaustive :

- moteur hydraulique pour basculer la quille

- pompe pour remplir les ballasts (plusieurs tonnes d'eau)

- instruments de navigations diverses dont certains indispensables dans le sud : compas gyroscopique (pas trop sensible aux perturbations magnétiques du pôle sud), sonde de température (pour anticiper les icebergs et leurs inévitables cortège de growlers), anémomètre (vitesse et direction du vent avec alarmes), sondeur (utile pour trouver un mouillage sain pour réparer comme l'a fait Conrad), ordinateur (avec cartes marines, simulateur de trajectoire (fichiers vents grib et polaire de vitesse du bateau), suivre les positions des concurrents ... rappel c'est un jeu vidéo géant ce tour du monde en solo), radar avec alarme (pour assurer une veille pendant les périodes de repos ou de mauvaise visibilité (brouillard) et savoir ce qu’il y a autour du bateau : glaçons, autres bateaux (concurrent, cargo) et bien sûr terre, îlot parfois même certains nuages (les grains) comme dans le fameux pot au noir ; un exemple d’utilisation du radar autour du 20ième jour de course dans ce Vendée Globe : Vincent Riou se fait réveiller par un écho à 200 m de son bateau au milieu de l’Atlantique, il sort et découvre son adversaire et ami Jean Le Cam … si vous avez raté ce temps fort de la course allez sur le site officiel du Vendée Globe voir la vidéo http://www.vendeeglobe.org )

- bien sûr les outils de communication : antenne satellite (standard F pour surfer sur les sites météo d'Internet, envoyer des photos ou des vidéos du bord), téléphone Iridium (pour les vacations ou la famille), balises Argos de positionnement automatique (aussi incroyable que cela paraisse ces balises ont des batteries a assez faible autonomie, voir la course contre la montre lors de la recherche du bateau de Bernard Stamm retourné après avoir perdu sa quille dans la dernière Transat Anglaise)

- et enfin les appareils de confort genre : éclairage du bateau (parfois aussi sécurité pour les feux de navigation la nuit !), chauffage (pour faire sécher un peu le bazar), musique, outils (perceuse électrique ...)

... et j'en passe (ont'ils l'eau sous pression à bord comme de plus en plus de croiseurs ? En tout cas leurs moteurs sont certainement équipés de circuits pour réchauffer, en tournant, un ballon d'eau qui du coup devient chaude et doit le rester quelques heures ... là il faut oublier !)

 

La photo bonus

Vous vous souvenez certainement dans une édition précédente d’un Monsieur (Dominique Wavre en l’occurrence, si votre mémoire vous fait défaut relire le dernier paragraphe sur http://nam.over-blog.com/archive-12-06-2004.html) qui sortait boire son thermos de café sur le pont avec sa paille, tranquillement appuyé sur une bastaque, il admirait les éléments se déchaîner autour de son bateau à l’entrée du Sud. Ben voilà en image le spectacle auquel il assiste, photo prise à bord par Dominique lui-même …

Vive les nouvelles techniques de communication ! Vous aurez noter quand même un léger problème de synchro : la parole est arrivée avant l’image pourtant mon prof de physique m’avait appris que la vitesse du son (360 m/s) est bien inférieure à celle de la lumière ( ? km/s) mais bon faut reconnaître que vu la couleur du ciel, de la lumière il n’y en a pas non plus des masses dans le cliché de Dominique. Ceci explique peut-être cela.

 

A lundi pour des nouvelles de la course (si si cette fois-ci c’est vrai, je ne vous importunerai pas samedi ni dimanche !)

Publié dans Vendée Globe 2004

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